Retour au blog de Elysabeth
Il faisait noir. La lune était absente et n'éclairait donc pas la ville de ses doux rayons. Il faisait froid, c’était l’hiver. Du givre s’était déposée sur les plantes. Les arbres n’avaient plus de feuilles. Ils semblaient beaucoup moins imposants, et beaucoup plus fragiles. Le vent soufflait, semblant murmurer une triste complainte. Les feuilles qui étaient tombées par terre s’envolaient avec le vent, tourbillonnant avant de toucher le sol, si libres, si belles, si fragiles. Des nuages encombraient le ciel, augmentant encore plus l’impression mystérieuse qui pesait sur la ville. Le silence était froid, et tellement sinistre que rien ne semblait pouvoir l'altérer. Le souffle des gens se hâtant de rentrer chez eux résonnait dans cette atmosphère effrayante. Le silence était tel qu’on entendait presque les battements des secondes, les secondes de ce temps qui s'écoule, indifférent aux souffrances des humains. Ce temps que rien ne peut arrêter. Et les secondes entrainent les minutes qui défilèrent comme il a toujours été. Minuit arriva, et les cloches se mirent à sonner. Elles flagellaient le silence, éclipsaient tous les bruits que le traversent, et laissèrent résonner la dernière note pendant des secondes qui paraissaient interminables. Puis soudain plus rien. Juste le noir de la nuit, le silence, et le temps qui s’écoule inlassablement… Une ombre se déplaçait furtivement à travers le dédale des rues. Elle passa devant une vieille maison, et tourna à droite dans la rue suivante. Un panneau indiquait qu'une taverne se trouvait à cet endroit. L'ombre semblait y être déjà allée. Elle entra. Le taverniste l'interpella : « Comment vas-tu ma chère? — Bien, merci, répondit l'ombre, Te resterait-il une chambre pour moi? — Oui bien sûr, tu sais que je t'en grade toujours une! — Merci encore, M. Corrupt. — Je t'ai dit déjà dit de m'appeler Irian! — Oui pardon… — Ne t’excuse pas ma chérie, tu te rattraperas la prochaine fois. Mais dit moi ma belle, ça te dirait de prendre un verre avec moi ? — Je vais devoir décliner ton offre, j’ai des choses assez importantes à faire ce soir. — Une prochaine fois alors ? — Oui, avec plaisir. » La mystérieuse ombre s’était placée de façon à ce qu’on ne puisse pas voir son visage, mais étant donné le ton qu’avait employé Irian, on pouvait facilement en déduire que le mystérieuse ombre était une fille. De plus tout le monde savait qu’il avait un penchant pour les jeunes filles. Et pour qu’il l’invite à prendre un verre, elle devait être très jolie. Elle se rendit dans sa chambre. C'était une assez petite pièce mais contenant tout ce qui était nécessaire. Il y avait même une salle de bain reliée à la chambre. Le lit semblait propre, mais était recouvert d'une couverture d'un vert douteux. A droite du lit une petite commode contenait quelques vieux livres. Une fenêtre donnait sur l'arrière du bâtiment. Le jeune fille s'appuya sur son rebord et observa le ciel. Une nuit sans lune, comme il l'avait prévu. Des nuages se déplaçaient lentement, masquant la lumière des étoiles. Tout était parfait. Au bout de quelques minutes, elle fit appeler un garçon pour qu'il aille chercher de l'eau chaude. Elle avait décidé de prendre un bain. Un petit moment plus tard, il revint avec un bac et assez de seaux pour le remplir. Elle le remercia et se dirigea vers la salle de bain. Elle commençait à se déshabiller lorsqu'elle entendit des bruits de pas dans sa chambre. Elle avait une vague idée de ce qu'il pouvait chercher. Elle attrapa une serviette et sortit sans bruit. C'était le jeune homme qui était venu lui apporter l'eau. Elle se plaça derrière lui et dit : « Que cherches-tu? » Le garçon très surpris se retourna. Il l'a vit en serviette, et se mit à rougir. La voir ainsi l'intimidait. « Dé…Désolé, c'est le patron qu… qui m'a dit de venir chercher un pa…papier dans votre sac. _ Vraiment? Tu m'en vois navrée, mais je n'ai pas le papier qu'il cherche. » Pendant qu'elle disait ça, elle s'était rapprochée de lui. On pouvait voir que le jeune homme était plus grand qu'elle. Mais il avait peur de cette fille, et tremblait comme une feuille. « _Ne tremble pas comme ça, je ne vais pas te manger. Mais rends-moi service s'il-te-plait, va chercher ton patron. » _ Oui mademoiselle! _ Pas celui de l'auberge, celui qui t'a demandé de lui rapporter ce papier. >> Le garçon en resta bouche bée. Comment avait-elle deviné ? Il avait fait exactement comme il lui avait dit. Il n'avait rien laissé transparaître, mais elle avait tout compris. Il décida donc d'employer la méthode que son patron lui avait apprise. « Je ne sais pas où il est, mademoiselle. _ Oh quel dommage. Ne connaitrais-tu pas quelqu'un qui lui sait ou ton patron se trouve? _ Non mademoiselle. _ C'est vraiment affligeant. Prendre toutes ses précautions pour rien. _ Pour rien ? _ C'est totalement inutile, étant donné que je peux savoir où il est quand je veux. » La panique prit le jeune homme. Cette fille était incroyable. En plus elle était jolie, et intelligente. Elle avait tout pour plaire. Seuls ses yeux bleus reflétaient sa vraie nature. Ils étaient froids et distants. On pouvait également y voir une pointe de malice. Elle se rapprocha encore du jeune homme. Elle était maintenant si proche qu'il pouvait sentir son souffle dans son cou. Il baissa la tête et regarda son visage pâle. Elle était vraiment belle. Elle le regardait de ses yeux bleus. Le froid qu'ils avaient il y a quelques secondes laissait place à de la tendresse. Ni tenant plus il l'embrassa. Elle n'était même pas surprise. Ses bras entourèrent son cou, et ses mains se lièrent dans son dos. Il se laissa faire lorsqu'elle l'allongea sur le lit, et commença à déboutonner sa chemise. Il voulut lui enlever sa serviette. C'est alors qu'il sentit une chose froide et tranchante sous son menton. « Ton maitre ne t'a pas appris à mentir correctement, maintenant tu vas me dire qui c'est et où je peux le trouver. — Vraiment mademoiselle je ne sais pas. — Arrête de me dire mademoiselle! — Mais je ne sais même pas votre nom. —Tu le sauras bien assez tôt ne t'inquiète pas. » Elle eu un petit rire. Un rire à vous glacer le sang. Elle était maintenant assise sur le torse du garçon, tenant un couteau sur sa gorge, l'empêchant ainsi de bouger. Il ne put s'empêcher de se dire qu'elle était nue sous sa serviette et se mit à rougir de plus belle. « Mais regarde moi ça! Tu es rouge comme du sang. On dirait un petit garçon qui vient d’avouer son premier amour ! » Cette allusion au sang fit frissonner le jeune homme. Elle se pencha vers lui. Ses longs cheveux entouraient le visage du jeune homme. Elle lui lança d'un ton cinglant : « Si tu pouvais arrêter de mater ma poitrine ça serait pas mal. » Cette remarque coupa net aux fantasmes du jeune homme. La rougeur de son visage disparu. L'éclat glacé des yeux de la jeune fille était revenu. C'est alors qu'il comprit qu'il était vraiment à sa merci, et qu'il s'était fait berné. Il décida donc d'avouer tout en espérant garder la vie sauve : « Mon maître s'appelle Straber. —Mais encore? Il voulu détourner son regard des yeux bleus perçants de la jeune fille. Elle lui faisait très peur, il l’avouait et la regarder droit dans les yeux de l’aidait pas à garder son calme. Mais celle-ci lui attrapa l’oreille comme on peut faire à un jeune enfant, et l’obligea à la regardait. — ¬Alors ? Son regard s’était durci, elle semblait s’impatienter. Alors, il ne voulu pas prendre de risques et lui dit : — Je devais le rejoindre à l’auberge de la rue Castelcerf. —Je te remercie pour ses informations. En échange je vais peut-être te laisser en vie. » En entendant ceci, il fut un peu moins nerveux. Mais il ne pensait pas qu’elle fut capable de le tuer. La jeune fille attrapa les mains du garçon, et grâce aux draps du lit, les attacha, l'empêchant ainsi de s'enfuir. Elle se leva, et entra dans la salle de bain pour se rhabiller. Elle ferma la porte la clé. Le jeune homme était accroché au lit, et ne pouvant pas s'enfuir il se mit à penser à un plan. Elle était belle et avait réussi à le manipuler, mais elle n'était pas invincible. Il regarda autour de lui. Il n'y avait rien de coupant. Cette fille n'était pas une amatrice, tout avait été fait pour qu'il tombe dans son piège. A cette pensée il paniqua. Il n'avait aucun moyen de s'enfuir. La jeune fille sortit enfin de la salle de bain. Elle était vêtue d’un manteau ample et noir, lui arrivant lui arrivant au niveau des hanches. Elle portait également un collant à rayures noirs et grises qui moulait ses jambes fines et élancées. Seuls ses cheveux blancs, qu’elle avait attachés en deux couettes, apportaient un peu de lumière. Ses habits n’étaient pas habituels pour une personne se déplaçant le jour, mais pour elle, ils étaient parfaits. Leurs couleurs foncées, la rendait plus discrète, et le manteau ample ne la gênait pas dans ses mouvements. Elle semblait avoir pensé à tout dans les moindres détails. En voyant cela le jeune homme oublia toutes tentatives de s'échapper. La jeune fille lui souleva le menton et l'obligea à la regarder. Elle lui dit : « Comme tu as été bien sage, et que tu m'as dit ce que je voulais savoir je vais te libérer. Et comme tu me plais bien je vais même te faire un cadeau. » Elle alla chercher dans son sac une boite et lui donna. Elle contenait de quoi manger. En voyant la nourriture, il se rendit compte qu'il avait très faim. Elle lui expliqua qu'il avait le droit de tout manger mais qu'il devait attendre qu'elle soit partie. Sur ses mots, elle sauta par la fenêtre, et disparu dans la nuit noire. Elle alla directement à la rue Castelcerf. Ainsi, il l'avait déjà retrouvé. Encore une fois elle allait devoir user de son charme pour se débarrasser de son poursuivant. Elle coupa par les toits pour arriver plus vite. L'aube se rapprochait, et elle ne tenait pas à le rencontrer en plein jour. Enfin arrivée, elle entra comme si de rien n'était. Elle rabattu le capuchon de son manteau sur son visage. Pas besoin de se faire repérer dès maintenant. Elle s'assit à une table, lorsque qu'un homme l'aborda « Bonjour ma jolie, je m'appelle Straber, je peux t'offrir quelque chose à boire? —Volontiers, répondit-elle avec son plus joli sourire. » Les hommes sont des créatures si faciles à manipuler. Une jolie fille et ils lui obéissent comme des petits chiens. Elle prit plusieurs verres, mais elle ne bu rien. Lorsque Straber ne la regardait pas, elle vidait le contenu de sa chope dans la plante qui se trouvait à côté d’elle. C’était pour cette plante qu’elle avait choisi de s’installer ici. La scène aurait presque pu avoir un côté comique si quelqu’un avait remarqué ce manège. Mais Straber, lui, ne semblait ne rien voir. Peut-être que les verres pris avant y étaient pour quelque chose. Au bout d’un moment, il proposa à la jeune fille de louer une chambre. Elle accepta, et alla voir l’aubergiste. Il lui donna une clé, et elle commença à monter suivie de près par . Elle redescendit quelques minutes plus tard, demandant qu'on lui apporte des draps car ceux du lit étaient apparemment sales. L'aubergiste, se dépêcha d'aller chercher, et revint aussi vite qu'il pu. Mais la mystérieuse fille s'était envolée. Il supposa qu'elle était remontée, et alla à sa chambre. Il ouvrit la porte, et laissa s’échapper un cri. Le reste du personnel de l’auberge se précipita pour comprendre ce qui se passait, et ils purent voir le corps de Straber sur le sol, baignant dans son propre sang. Le vent s’engouffrait par la fenêtre ouverte, et faisait voler les papiers trainant dans la chambre. De la jeune fille plus de trace. Elle s’était comme envolée… Quelques rues plus loin, Irian Corrupt découvrit un autre corps. Il ne portait aucune blessure, il avait sûrement été empoisonné. Mais Irian refusa de croire que cela pouvait être la jeune fille si mystérieuse. C’est peut-être pour cela qu’on ne la retrouva jamais…