Retour au blog de Elysabeth
Pendez les poissons qui pensent surprendre les stupides serpents suspendus aux poussettes des passants! (Elle est cool cette phrase!) Un petit one-shot écrit un jour de grand soleil, chose si rare à Singapour, après une bonne grosse glace au citron. Vous allez me dire que ça n'a aucun rapport, mais en fait, j'en ai rien foutre! You can keep your mean remarks for you. :] Oui, je sais qu'il y a des fautes, je les ai même vues. Sauf que je suis une grosse flemmarde qui a aucune envie de les corriger. Je vous souhaite tout de même une bonne lecture. (Le plus sincèrement que je puisse faire...) Car demain est un autre jour Roulée en boule dans mon lit, sous ma couette, je regarde par la fenêtre ouverte. Ce que je regarde ? Les oiseaux qui volent, les feuilles qui tombent, les passants qui marchent, les enfants qui jouent, les parents qui grondent. La vie, la vie qui s’écoule. Je me recroqueville encore sur moi-même. Je n’ai pas envie de sortir, je ne veux pas les voir. Je n’ai pas envie de me lever. Après tout, personne ne m’attend. Je n’ai rien à faire aujourd’hui. Alors je ferme les yeux, et écoute les sons. Les gazouillements, les craquements, les discussions, les cris, les éclats de voix. Tout ce qui fait la vie. Tout ce que je déteste. « Je ne peux pas perdre ! En avant Roserade ! » Je rabats la couverture sur ma tête. Le vent s’insinue sournoisement sous mon pyjama. Je resserre les pants du tissu, espérant ainsi le faire fuir. Il est sournois, celui-là, il profite des faiblesses pour entrer où il veut. Le pire, il y prend ce qu’il veut. Et les apporte aux autres. Il partage, il mélange, il offre. Des choses qui ne lui appartiennent pas. Il n’a pas le droit de faire ça. Ou peut-être l’a-t-il finalement… L’aurait-on arrêté s’il n’avait pas le droit ? Non, on ne l’aurait pas fait. Il fait pousser les fleurs voyons. Il transporte les graines. Le vent lui inflige de nombreuses coupures. Je ne pleure jamais. Mais je ne suis pas insensible. Les larmes ne sont que de l’eau salée. Elles ne font rien. Elles ne changeront ni le passé, ni le présent, et encore moins le futur. Mais pouvoir pleurer est une force. Que je n’ai pas, que je n’ai jamais eu. Pleurer c’est reconnaitre ses faiblesses. Je ne peux pas le faire. Je ne peux pas montrer que je suis faible, que je n’ai rien pu faire. Qui a dit quand on veut on peut ? Il est bien imbécile. Vouloir et pouvoir n’ont rien à voir. « Attaque Tranch’herbe ! » Les feuilles ricochent sur la peau d’acier. La chaleur de mon abri m’entoure. Mais j’ai froid. Le froid aussi n’est-il pas sarcastique ? Il amuse les enfants, porte la neige, amène Noël. Derrière se cachent les peurs les plus cruels. Les plus grands monstres ne viennent-ils pas en hiver ? Parce que les monstres n’aiment pas le printemps. Les fleurs, les pétales, les oiseaux, le pollen. Peut-être que finalement les monstres font une allergie au pollen ? Ou alors une allergie à l’espoir ? Vraiment je ne vois pas le plus plausible. Elle grimace. Du sang s’écoule d’une entaille sérieuse sur son bras. Je rouvre les yeux. Je me suis endormie. Je n’ai pas rêvé. On dit que les rêves représentent nos désirs les plus profonds. Je n’aurais pas de désirs ? Toutes ces conneries qui disent les gens. Superstitions inutiles. Casser un miroir ne promet pas sept ans de malheur. Le turquoise ne protège pas de la mort. A moins que cela soit la lavande ? Lavande… Je hais cette plante. Je hais son odeur, je hais sa couleur. Je la hais tout simplement. « Rappelle-toi que Lavande ne perd jamais ! » Sourire narquois. Expression dédaigneuse. Une pokéball à la main. Mon portable vibre au loin. Encore un qui ne sait pas quel jour on est. A moins que cela soit une ? Je m’en fous, ça ne change rien. Je ne répondrai pas. Il, elle, va s’inquiéter. Les autres le rassureront. Aujourd’hui je ne me lève pas. L’objet tombe du bureau. A force de vibrer, on s’attire les ennuis. Il s’écrase au sol, il se stoppe. Bon débarras. Je n’ai pas envie de l’entendre. Et puis je fais ce que je veux. Je ne vois pas pourquoi je répondrais parce que je suis soi-disant importante. « Il parait que tu es une dresseuse de talent ! Battons-nous ! » Les nouvelles vont vite apparemment. Y’en a une autre qui fait ce qu’elle veut. Elle est bien plus importante que n’importe quel humain. En même temps, elle n’est pas humaine. Elle prend juste la vie comme elle veut, et quand elle veut. Et elle, elle n’oublie jamais le jour. Elle ne se montre pas, elle fait croire qu’elle a oublié que tu vies, et puis soudain, au détour d’un chemin, au détour d’un dresseur, au détour d’une vie, elle vient, elle se sert, et elle repart. Elle est perverse celle-ci, elle s’approche par derrière, et elle frappe un bon coup ! Comme elle a fait pour Roserade. Le sang gicle. Elle s’écrase au sol. « Tu n’es pas si forte finalement. Et je ne vois pas pourquoi les autres vantent ton Roserade » Ricanement satisfait. Beaucoup pensent que je ne respecte pas bien la mort de mon pokémon, que je devrais aller la voir au cimetière. Ils pensent mal. A quoi ça sert ? Elle ne reviendra jamais. Et puis elle s’en fout, elle est morte. Que j’aille la voir ou pas, ça ne changera rien, elle ne s’en rendra même pas compte. En plus, je sais que si je vais la voir, je vais sentir la mort dans le lieu, comme un serpent qui s’infiltre doucement dans chaque pensée, sifflant les sons du souvenir à mon oreille. Je préfère rester là, dans mon lit à ne rien faire. Roserade ne bouge plus. Logique elle est morte. Rire jaune. Pas de pleurs. Déjà cinq ans. Partie depuis cinq ans seulement. Le temps passe trop vite, le temps passe trop lentement. Demain je me lèverai. Demain je répondrai aux messages. Demain je m’occuperai des papiers qui trainent sur le bureau. Demain j’aimerai entendre les gazouillements, les craquements, les discussions, les cris, les éclats de voix. Demain, je vivrai. Demain, toujours demain. Demain, je ne veux pas qu’il arrive. Et à la fois, j’espère qu’il vienne. Ironiquement paradoxal. On verra demain. Car demain est un autre jour.