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Hoy tout le monde ! Wow ! Après 1 an sans rien, un nouveau chapitre xD Comment ça, ce n'est pas régulier ? Bien sûr que si ! C'est annuel ! Bon sans blague, j'ai juste vraiment pas le temps d'écrire et aujourd'hui, je me suis dite qu'un petit peu bosser dessus, ça ne pouvait pas faire de mal. Du coup, j'ai écrit 3000 mots d'un coup. J'espère du coup que ce ne sera pas trop mauvais et je vous souhaite une bonne soirée et une bonne lecture ! « Ah... Rom... On peut pas s'arrêter... ? - C'est la troisième fois que tu demande ça Nico. - Je vous avais dit qu'on aurait dû prendre nos chevaux. Mais non ! Monsieur préfère y aller à pieds car ce serait plus rapide ! Ivrogne ! - T'avais qu'à me prévenir AVANT que je sois bourré ! - Et comment aurais-je pu le savoir ?! » Ainsi commença une énième joute verbale entre les deux jeunes hommes. Roméo ne fit que soupirer et sorti la carte que la mystérieuse jouvencelle leur avait confiée. Le petit groupe d’aventurier avait beaucoup avancé malgré l’état d’ébriété de certains de ses membres. Ils se trouvaient déjà, après seulement deux jours de marche, au nord du royaume. Cette région était recouverte de plaines ornementées d’arbres verdoyants et entourée d’un lac aux reflets cristallins répondant au nom d’Aedegos. En y regardant de plus près, le satyre se rendit compte d’ailleurs de leur proximité avec la civilisation. La cité de Seria ne se trouvait plus très loin. Souriant légèrement, il replia le document, le rangea dans sa sacoche et se retourna vers ses deux compagnons qui étaient toujours en train de se disputer. Il les ignora et recommença sa marche dans la direction que lui indiquait la carte. Ils marchèrent quelques minutes supplémentaires, longeant le bord de l’étendue d’eau, semblant continuer jusque l’horizon. La dispute se tût au bout de quelques temps, laissant place au divin silence tant attendu par le demi-homme. Il inspira profondément, s’imprégnant de l’odeur de l’humus, lui rappelant des souvenirs lointains, du temps où il vivait encore en Armmer. Les grandes forêts peuplant cette région de Mire avaient constamment la senteur du pétrichor, emprunte passée des pluies torrentielles en ces lieux. Alors qu’il s’immergeait plus profondément dans sa mémoire, recherchant ces événements l’ayant construit en tant qu’individu, il revint à ses sens quand il entendit, derrière lui, deux exclamations de la part de ses compères. Regardant devant lui, soulevant son regard, il constata enfin ce qui les avait mis dans un tel état d’admiration. Ils étaient émerveillés ! Devant eux se tenait une gigantesque arche en pierres taillées encadrée par deux tours de guet. Le chemin, droit et large, était entièrement pavé de pierres blanches immaculées qui conduisait à la place principale. Des échoppes colorées dépassaient de pâtés de maisons parfaitement disposés à travers la ville, contrastant avec les rues la parsemant. On les reconnaissait également aux grandes pancartes de bois dépassant de celles-ci, toutes arborant une illustration peinte avec la plus grande minutie. De grandes lanternes étaient suspendues en haut d’élégantes tiges de fer forgé sortant du sol, symétriquement placées de chaque côté de l’allée principale, décorées de dorures finement ciselées, allumées quand la lune pointait le bout de son nez pour éclairer même la plus sombre des nuits. Plusieurs jardinières se tenaient sur les côtés non-occupés des routes, remplies de spécimens rares à la beauté incontestable ! Roméo put même en reconnaître certain : quelques roses d’Ysgramerr ne provenant que des terres les plus esseulées d’Ocromar connue pour les vertus médicinales de sa sève, des lys blancs dont la forme si particulière ne pouvait que rappeler celles de sa terre natale, des orchidées irisées… un véritable tour du continent ! C’est là qu’il regrettait profondément de ne pas avoir été doté de la discrétion naturelle de Morgan… Ces plantes le narguaient… Peut-être qu’il demandera plus tard à son compagnon de voyage d’aller en cueillir quelques unes pour lui. Il était presque sûr qu’il accepterait. Après tout, il était en plutôt bon terme avec l’elfe. Il fut ramené à la réalité par ce dit elfe, commentant, après un sifflement admiratif : « Les gens ici ont du goût… C’était peu dire. Il est clair que l’on reconnaissait bien là la digne citadelle de Seria, située au pied du palais des cinq. Une place marchande inégalable où les festivités ne sont qu’un simple quotidien pour les habitants. Les aventuriers étaient tous sur la même longueur d’onde. - C’est clair ! Eux, au moins, ils savent qu’une taverne, ça se fout à l’entrée d’une ville ! … même s’il faut croire que Nicolas avait une définition différente de l’expression « avoir du goût »… Les deux autres n’eurent même pas le temps de se remettre de cette déclaration de la part du mercenaire qu’ils le virent partir en direction du dit pub d’un air guilleret, laissant une trainée de terre et de boue sur les, autrefois, blanches pierres taillées composant le chemin. Soupirant bruyamment, ils le suivirent, non sans hésitation. En poussant la porte, ils furent accueillis par le tintement strident d’une clochette, signalant leur arrivée. S’ils souhaitaient être discrets, c’était raté. Enfin, s’ils avaient vraiment voulu jouer la carte de la discrétion, Nicolas ne ferait pas parti de leur équipe. Celui-ci approchait d’un pas lent jusqu’à l’ilot de cuisine, tapant du pied de façon exagérée afin d’avoir l’air menaçant, intimidant. C’est la tête haute, qu’il s’accouda au bar, se penchant tellement que le tenancier pouvait sans aucun doute sentir son souffle chaud et éreinté dans le creux de son épaule droite. Il se mit alors à arborer un rictus, fendant son visage en deux tant il était grand et commença alors à parler à la figure figée se tenant devant lui : « Un cocktail de la fournaise. Sur le champ ! » Le temps semblait s’être arrêté de fonctionner. Plus personne ne jouait, plus personne ne riait, plus personne ne buvait… Non, tout le monde avaient les yeux fixés sur le jeune garçon drapé dans une cape noire comme la nuit lui tombant jusqu’aux genoux. Les yeux fixés sur cet être si atypique qui n’était clairement pas de la région. Même les deux autres arrivants le regardaient avec des yeux aussi ronds que des boules de billard. Seule la voix suraiguë du tenancier résonna en ces murs : « … Nous… Nous… Nous n’en avons pas… Monsieur le… voyageur… » Il n’en fallut pas plus pour que Nicolas commence à maudire le ciel et jurer en disant toutes les insultes qui lui venaient à la tête et les Dieux savent combien il en connaît. Morgan s’avança en premier, posant une main sur l’épaule du mercenaire : « Nico, il va falloir que tu comprennes que le Cocktail de la Fournaise est une spécialité de Qualend et que tu n’en trouveras nulle part ailleurs… Inutile donc d’en demander à chaque tenancier de chaque ville où nous faisons une halte… - Mais j’ai soif !!! » Ses deux amis l’ignorèrent et s’assirent au bar en commandant pour l’un, une modeste bière et pour l’autre, un simple verre d’eau, pendant que, rejeté, Nicolas parti dans un coin, murmurer des insultes que personne ne peut entendre d’où il se trouve. L’ambiance revint après quelques minutes de long silence gênant et Morgan en profita pour discuter avec l’homme tenant le bar. Un trentenaire demi-elfe aux traits fins et à la face plate. Il lui rappelait quelqu’un mais se tut à ce sujet. « Alors, y a-t-il un événement en ville ? Tellement de monde, assemblé à la taverne en plein milieu de la journée… C’est assez rare. Il releva sa tête du verre qu’il était en train de laver et leur révéla : « Effectivement, c’est bon pour les affaires. Aujourd’hui, vers quinze heures, va débuter le festival des paladins, disponible uniquement à Seria. Donc, évidemment, beaucoup de voyageurs comme vous sont là pour y assister. J’ai bien cru que c’était votre cas pourtant… - Non, nous ne sommes que de simples voyageurs en direction de Fort Condor. Nous faisons une halte ici. Lui expliqua Roméo - Une halte à Seria… Seriez-vous venu à pied par hasard ?! Par Shugna ! Cela fait une sacrée marche ! - Effectivement. Je vais d’ailleurs vous prendre une chambre. Cela fait presque trois jours que nous n’avons pas pu profiter du confort d’un lit… Au passage, en quoi consiste ce festival ? - Oh, c’est une fête organisée par les Eglises honorant les cinq Norhas : l’Eglise de Tuulia, Arkat, Shugna, Aecitt et celle d’Epyra. C’est une période pendant laquelle toutes les croisades en cours s’arrêtent et les paladins, inquisiteurs, prêtres et clercs de ces Eglises sont appelés pour défiler. Comme peu de personnes portent le titre de paladin, ils sont l’attraction principale des touristes d’où le nom de la fête. En plus, cela apaise les gens de voir de tels soldats à l’extérieur pendant quelques jours au moins une fois tous les ans.» Ils songèrent, lors de la commande de leur chambre, s’ils pouvaient rester ici un peu plus longtemps… Cet événement n’a lieu qu’une fois par an après tout… Pourquoi ne pas en profiter pour observer ce défilé au moins ? Ou même refaire leur stock de vivres ? De plus, c’était bien la première fois que nos aventuriers se rendaient à Seria. Vu la prestance de la cité, elle devait, sans aucun doute, regorger de boutiques diverses et variées pouvant les aider dans leur quête. Roméo se leva donc, laissant derrière l’équivalent de trente pièces d’or sur le comptoir. Le jeune haut-elfe s’empressa de le suivre, non sans traîner le mercenaire se plaignant sans arrêt de son état de déshydratation. N’en ayant cure, ils passèrent la porte du bar, à laquelle Nicolas s’accrochait désespérément, et se mirent à longer la route principale, la souillant de leurs bottes boueuses. La place était non loin, décorée d’une myriade de banderoles colorées et d’une splendide arche qu’arborait l’entrée de l’église de Tuulia avec fierté. On pouvait déjà voir les gigantesques chars rangés derrière le dit bâtiment. Des ouvriers, sans doute, étaient en train de finir les dernières préparations pour les festivités. Ils étaient surmontés de statues représentatives des Dieux, taillées dans une matière qui luisait avec éclat au soleil, faisant ressortir la beauté de celles-ci, entourées d’objets d’apparat. La place était presque vide. Quelques artistes répétaient leur tour avant la grande fête tandis que les marchands rangeaient leurs étalages. On y retrouvait d’ailleurs la diversité à laquelle l’on pouvait s’attendre de la part d’une citadelle comme celle de Seria ! Des armuriers, des herboristes, des agriculteurs, des mages… Tout ce dont on pouvait rêver en tant qu’aventurier ! Morgan reluquait avec envie les étalages où les ingrédients alchimiques se trouvaient. Le jeune elfe se rappelait des leçons qu’il avait reçues étant enfant sur la création de potions et de cataplasmes. Le bon temps avant qu’il ne rencontre ses deux autres compagnons. Il rechercha, sans vraiment réfléchir, sa bourse de pièces d’or. Quand il la prit en main, il senti alors son étrange légèreté… Il était pourtant sûr d’être parti de chez lui une centaine de pièces d’or sous le bras… Prestement, il l’ouvrit, découvrant avec effroi qu’il ne restait plus un gramme d’or à l’intérieur. Il savait qui il devait blâmer pour cela. Morgan serrait du poing, réduisant son sac de pièces en simple chiffon, le fourrant rapidement dans la poche droite de sa tunique turquoise. Sans attendre, il approcha dangereusement du mercenaire du groupe, la main toujours vissée dans sa poche, les yeux fixant d’un regard noir le sol. L’homme était en train de comparer les prix des différentes armes, cherchant la meilleure en qualité-prix. D’un mouvement vif, l’elfe lui agrippa le poignet ce qui le fit légèrement reculer de surprise. Un rictus naquit sur ses lèvres fines. « Alors comme ça les grandes oreilles se font pousser des co- - Ferme-la ! Sérieusement ! T’en a pas marre de fouiner dans les affaires des autres à la fin ! J’en peux plus de tes bêtises ! Nicolas soupira lourdement devant les accusations pleines de rages de l’elfe. - Qu’est-ce que j’ai fais cette fois ? J’ai encore vendu une de tes babioles de fiotes ? Je peux t’assurer que c’est pas le cas. J’ai rien vendu aujourd’hui et encore moins un objet elfique. Sans dire un mot, Morgan sorti le sac, le tenant à l’envers pour que l’homme comprenne de quoi il était question. Le sourire disparut. - Une idée où mes pièces d’or ont bien pu disparaître ? - Ah, ça, fit le jeune homme machinalement, j’ai juste pensé que ce serait plus intelligeant de ne pas disperser notre fortune aux quatre vents et plutôt d’ouvrir un compte en commun pour pouvoir faire des dépenses moins compulsives ! Et comme ça, quand on gagne quelque chose, on ne se réparti rien ! Fini les bagarres pour bien séparer le butin et bonjour le calme et l’harmonie ! - Est-ce que mon visage respire le calme et l’harmonie d’après toi ?! - Non, mais il transpire. Tu devrais aller te laver, on te sent arriver à des kilomètres ! Et puis, je ne vois pas pourquoi tu te mets en rogne ! Rom ne s’est pas énervé, lui ! » Roméo qui était en train de lire un livre une échoppe plus loin, entendant toute la conversation, tourna légèrement la tête à la mention de son nom avant de tendre une main tremblante jusqu’à sa bourse, tâta celle-ci et fronça les sourcils en ne pouvant entendre le doux cliquetis des pièces s’entrechoquant. Néanmoins, il ne dit rien. Il savait que même s’il criait sur son ami, il ne voudrait pas abandonner son idée de compte en commun. Donc il resta silencieux même si intérieurement, il ne souhaitait que tuer l’humain pour ne pas lui en avoir parlé avant. Morgan abandonna l’offensive. Il le connaissait têtu et il ne laisserait rien tomber. Il le quitta et s’assit sur un banc, attendant, la tête en arrière, que le festival commence. Cette journée était déjà épuisante… Il pouvait entendre les deux autres parler, le mercenaire suppliant le second de lui donner des cours pour maîtriser de puissants sorts de nécromancie dont le sorcier avait le secret. L’elfe ne fit qu’attendre qu’il soit quinze heures. Il entendait les marchands remballer leurs marchandises, les musiques et les pas des danseurs, les appels des ménestrels… Tout semblait défiler derrière ses paupières… Enfin, il sortit de sa transe et observa une toute nouvelle place. Ses yeux fatigués s’émerveillèrent quand il vit une file d’hommes d’Eglises sortir du bâtiment principal pour défiler dans la rue principale. Les chars étaient en train d’affluer, montrant à tous leur incroyable réalisation. Un véritable cortège d’armures scintillantes de couleurs différentes se mirent à suivre le cortège, aveuglant de par leur beauté le public en admiration devant ces légendes vivantes. Il était si rare de voir un de ces agents des Divins ici bas ; ceux-ci se comptant sur les doigts d’une main par Eglise, ce qui explique sans doute l’engouement de certains des habitants ne faisant même plus attention aux acrobates et autres artistes de rue. Tout ce qu’ils voyaient était les soldats marchant fièrement, débouchant du bâtiment de pierres blanches. Vivement, l’elfe se leva et se précipita, bousculant légèrement les autres spectateurs pour obtenir une meilleure place au premier rang. D’ici, tout semblait plus grandiose ! Morgan n’était pas particulièrement grand ni remarquablement petit mais il se sentait comme écrasé par l’imposante taille des chars passant devant lui ; tenterait-il de tendre le bras qu’il toucherait la structure métallique. Ces grandes parades lui rappelait presque celles qu’organisait son village lors d’événements et pourtant, il jura à ce moment précis ne jamais avoir rien vu d’aussi beau. Captivé, il ne remarqua pas ses amis le rejoindre, toujours discutant des arts des arcanes avant de se stopper net quand ils levèrent la tête du livre que tenait en ses mains Roméo. Un silence communiqua leur point de vue aisément. Les festivités, elles, étaient loin d’être figées et continuaient dans leur élan. Enfin, apparu entouré de dizaines de femmes et hommes en habit de clercs épurées le plus grand des chars, tant et si bien que certains durent se déplacer pour ne pas se faire écraser. Dessus, les structures s’accumulaient jusqu’à ce qu’on ne puisse voir à son sommet qu’une statue ; et quelle statue ! La sculpture de marbre, à l’apparence massive, était une des nombreuses représentations de la Déesse de la lumière, Tuulia. Celle-ci se dressait fièrement, ses bras ouverts vers le sol, accueillant généreusement les hommes. Un simple voile couvrait son corps légèrement, assez pour que les plus pudiques ne s’en détournent pas. Sa face, scindée en deux parties était d’une part recouverte par de longs cheveux cascadant tout le long de ses épaules dénudées et, de l’autre, à l’air libre, l’œil fermé et les lèvres entrouvertes. Sur sa tête siégeait une couronne qui entourait l’entièreté de sa tête, ponctué par des sortes de pics arrondis à leurs extrémités. Elle tenait debout grâce à des filaments d’énergie, remplaçant ses jambes. D’après ce que Morgan avait entendu dire sur les cultes Erganzians, les Dieux du culte des Norhas ne sont jamais représentés avec des jambes pour montrer leur appartenance à un monde où le port de ces appendices n’est que futile. Il a toujours trouvé cela intriguant bien qu’assez inutile dans un sens, surtout pour les dépenses magiques qu’une telle statue doit engendrer mais ce n’est pas comme si il pouvait dire quoi que ce soit… Les cultes… C’est un thème sur lequel les débats sont interdits à Erganza… Du moins, d’après son expérience et celle de ses compagnons. « Tu crois qu’ils accepteraient de m’en faire une comme ça ? demanda Nicolas, brisant le divin silence qui s’était installé. - Faudrait déjà que tu ais suffisamment d’argent et que tu arrêtes de le dépenser dans la boisson. - Et qu’il soit une divinité mais, ne lui disons pas. Il pourrait prendre la mouche.» Rajouta Roméo au creux de l’oreille de l’elfe. Celui-ci retint un sourire avant qu’il ne se propage. La foule, toujours aussi captivée par la beauté d’un tel art ne remarqua malencontreusement pas la façon dont le char avançait. Ils ne virent pas son léger vacillement, ni les quelques étincelles qui s’échappèrent des roues métalliques. Même les hommes paradant n’en avaient cure, profitant de leur moment de gloire, n’entendant pas le crissement de deux plaques de métal entre elles. Et quand, enfin, le satyre comprit ce qui clochait, une des cordes qui maintenait la structure rompit. Ses yeux s’écarquillèrent et il cria, à s’en époumoner : « Ecartez-vous ! Tout s’effondre ! » Personne ne bougea au premier abord, puis, au bout de quelques instants, ils semblèrent comprendre la situation quand le char commença sa folle descente le long de l’allée principale. Des cris de joies furent remplacer par des cris de terreur alors que le char, déjà imposant, décida de fendre la populace pour s’offrir un bain de foule. Les autorités, prisent de court, tentèrent de pousser les différents groupes de civils vers les bâtiments pour éviter qu’il y ait des blessés. Les trois aventuriers, par réflexe, s’y étaient déjà réfugiés, poussant plus par instinct qu’autre chose les autres en leur indiquant de rester derrière eux. Une fois le char éloigné, Roméo porta sa main près de lui, se concentra quelques secondes avant de lancer un faible sort de glace pour dévier sa route vers l’un des autres bords de la route. Cela eut l’effet escompté. Les roues se gelèrent et le char finit sa course contre un mur qui, fort heureusement, ne s’effondra pas à cause du poids de celui-ci. Un soupir général fut soufflé. Quelques blessés à l’horizon mais rien de bien grave… Enfin, c’est ce qu’en surface certains pensèrent… « Par les cinq ! Les prêtres ! » Tous se précipitèrent avec panique vers le garde ayant itéré ces mots. C’était un jeune homme, sans doute une nouvelle recrue. Ses yeux observaient, impuissants, le massacre à ses pieds. Les corps de dix hommes et femmes d’Eglise y gisait, terriblement meurtris. Certains étaient au sol, la face écrasée au sol tandis que d’autres, plus étrangement, semblaient avoir la nuque brisée sans qu’aucune effusion de sang n’ait eu lieu. Les civils recommencèrent à hurler de terreur, d’autant plus en voyant, grâce à leur accoutrement, des paladins et inquisiteurs girent à leurs côtés. Il y avait déjà si peu de combattants au sein des Eglises, cela ne pouvait que sonner comme étant une incommensurable tragédie. Au bout d’un moment, la foule fut dispersée par les autorités. Morgan sentait tout de même derrière lui, quelque chose d’étrange… En se retournant, il lui semblait entrevoir un singulier habit blanc moucheté de particules pourpres. La figure disparue cependant lorsqu’il se retourna. Bien évidement… Roméo s’approcha des cadavres avec Nicolas à sa suite. Quelque chose n’allait vraiment pas avec cette histoire… Cinq personnes écrasées… Cela fait du sens, ils étaient juste en face du char quand il commença sa descente mais… Les cinq autres ? Comment peuvent-ils être morts comme cela… Surtout que deux d’entre eux portaient des armures… Et même s’ils s’étaient brisé la nuque… Cinq personnes c’est tout de même trop pour être une coïncidence. Il sentit la main gantée du mercenaire sur son épaule, l’arrêtant dans sa marche. Il se rendit alors compte de l’existence d’un garde juste devant lui. Celui-ci était plus âgé que celui qui avait annoncé la mort des clercs. Il avait un visage plus carré, touché par de fines rides de rire. Pour autant, il ne semblait pas des plus sympathiques avec ses sourcils épais et froncés. « J’ai cru avoir dit à tous les civils de ne pas se mêler des affaires de la milice. Circulez. C’était le moment de montrer ce qu’il savait faire, se dit Roméo. - Voyez-vous, il se trouve que je possède des connaissances en anatomie et que je trouve qu’une autopsie ne serait pas de refus pour trouver le coupable de ce regrettable incident. Parfait ! Juste, parfait ! Roméo, tu mériterais presque de te reconvertir en négocia- - Ecoutez, ce n’est pas votre ville ici. Notre ville, nos règles. Obtempérés et laissez-nous faire notre enquête ou vous aurez affaire à la loi, c'est-à-dire, à moi, demi-homme. Dire que Roméo était froissé par cette remarque aurait été le plus grand euphémisme de tous les temps. Il était furieux. Lui qui ne voulait qu’aider se retrouvait à être insulté par un simple garde de pacotille ! Oh, il allait voir ! Il se tourna vers son confrère qui le regarda avec soutient… Sans rien faire pour autant. Ah… On la sent l’amitié. Nicolas, après une demi-seconde très gênante à fixé son ami dans le blanc de l’œil compris que celui-ci désirait son intervention. Nicolas étant un homme d’une carrure similaire au soldat en face de lui, il avait sans doute plus de chances de pouvoir l’intimider sans que cela ne dégénère dans un conflit inutile… Le mercenaire posa son regard sur le soldat, l’observant de haut en bas. Le soldat semblait déjà bien plus mal à l’aise, ayant l’impression que son intimité venait d’être violée par le regard inquisiteur de Nicolas. Quand enfin, celui-ci se reposa sur les yeux azuréens du soldat, Nicolas, sans hésitation aucune, lui offrit un sourire carnassier qui à lui seul aurait suffit à faire peur à n’importe qui… Puis, sentant que cela ne suffisait pas, ferma ses paupières pour ensuite les rouvrir, montrant au garde, au regard dès à présent perdus dans le vide, deux orbes noires aux reflets rouges sang qui semblait comme craqueler sa surface. L’homme semblait ailleurs, dans un autre monde tandis que les yeux démoniques du mercenaires revinrent à leur couleur rouille habituelle. Roméo le regardait abasourdi alors que l’homme, autrefois intimidant, avait un air terrifié sur le visage comme si il venait de voir ce qu’il y avait de l’autre côté… « Vous… Bien… Bien sûr messires ! Allez-y ! Restez autant que vous le souhaiterez ! Passez une agréable journée et… et… Que les Norhas vous sourient ! » Il partit en quatrième vitesse, sa voix forte partie aux oubliettes. Le satyre n’aimait pas ça et le fit rapidement savoir son compagnon de route en lui jetant un regard lourd de sens… « Quoi ?! » Enfin, sens que quelqu’un comme Nicolas ne semblait pouvoir comprendre. Il soupira et fronça les sourcils. « Hell, on avait déjà parlé de ça ! Tu avais vraiment à montrer ça à cet homme ? En public en plus ? - Hey, tu voulais de l’intimidation, te voilà servi ! Je ne rembourse pas. A prendre ou à laisser. - Cela ne justifie rien ! Il avait déjà peur rien qu’en te voyant. Si tu avais parlé dans une voix plus rauque que d’habitude en l’intimidant, crois-moi, il aurait réagis ! L’homme ne répondit pas. D’un mouvement de sa main droite, il commença à se masser l’arcade sourcilière, un air désolé sur le visage. - Bon… Qu’est-ce que tu lui as montré… ? Nicolas sourit à pleine dents. Ce même sourire carnassier qui avait le don de le mettre mal à l’aise à chaque fois qu’il le voyait en faire utilisation. - Oh, juste quelques petits souvenirs que je me suis fait durant mon enfance dans le village de chasseurs… - Je sens que je vais le regretter mais… ah… Quel genre de souvenirs… - Tu as bien raison. Crois-moi, tout va bien pour toi tant que tu ne sais pas de quoi je parle. » Il ne pouvait pas avoir tord… Pour qu’un garde s’enfui comme cela, il faut vraiment que les folles expériences d’Alexander Nicolas Hellsent infiltre son cerveau… Il décida de s’occuper plutôt de la raison de cette querelle : les cadavres. Roméo s’accroupit à côté d’un des chevaliers. Il souleva légèrement leur nuque, cherchant en palpant la preuve qu’un os se soit brisé. Etrangement, cela ne semblait pas être le cas ni sur celui-ci ni sur son voisin, mort potentiellement de la même façon. Sa face se renfrogna… Comment ces gens ont pu mourir… Un lien magique avec la statue peut-être… ? Elle s’est tout de même écrasée contre un mur et vu qu’aucune blessure n’est visible à la surface… « Hey biquette ! - Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça, Hell. - Oui c’est ça, c’est ça… Regarde leur nuque. - Comment ça ? Ecoutes, ne fais pas de blagues ! Elles sont intactes ! Arrêtes de me faire per- - Il y a une sorte de marque de piqure sur chacun d’eux… » Il n’avait pas entendu Nicolas parler avec un tel sérieux depuis plusieurs mois… Il le regarda dans les yeux. Un sérieux à toute épreuve. Il abaisse son regard et cherche méticuleusement le cadavre et en appuyant plus haut sur sa nuque, il vit une fine goutte de sang perler le long se la peau. Une piqure… ? C’est d’une précision effroyable… L’auteur de ce crime a dû utiliser la panique ambiante pour pouvoir le commettre mais… Il a été d’une précision chirurgicale et d’une efficacité à toute épreuve. Qui pouvait être cette personne ?! Le jeune haut-elfe, pendant ce temps, interrogeait les différentes personnes qui tenaient encore des stands aux alentours. Il profita pour parler avec certains et faire quelques achats (en échangeant quelques objets vu que son argent résidait toujours dans la bourse d’un certain mercenaire) chez l’herboriste du coin ; une jeune femme pleine d’énergie qui ne semblait malheureusement n’avoir rien vu lors du meurtre, ses yeux trop concentrés sur la foule fuyante. Puis, soudain, quelque chose lui revint… « Est-ce que vous auriez-vu un homme avec autour du cou un morceau de lin blanc taché de rouge ? - C’est assez précis... Euhm… Attendez… Il me semble l’avoir vu dans la foule. - Est-ce que vous savez où il a pu partir ? - Pas vraiment. Mon regard n’a que survoler la foule. Un détail comme cela se perd facilement quand autant de monde est présent, surtout avec tout ce qu’il s’est passé… Mais vous pouvez toujours essayer d’aller vers le quartier des Lyres Ephémères. C’est à votre droite. Vous continuez et normalement vous commencerez à trouver un écriteau portant ce titre. C’est là-bas qu’habite une majorité des citoyens de cette ville, avec un peu de chance vous trouverez quelqu’un qui pourra vous aider. » Il remercia l’amicale commerçante et se hâta de retourner vers ses amis. Il était facile de les rejoindre, étant les seuls personnes présentes sur la place après ce drame. « Tu as trouvé quelque chose ? demanda rapidement Roméo en se remettant sur pieds. - On m’a conseillé d’aller au quartier des Lyres Ephémères. Après, aucune trace de la personne qui aurait pu faire ça… - En gros, on peut dire adieu à notre récompense… - Récom-… Nico... N’y-a-t-il donc que le son de belles pièces dorées qui résonne dans ta tête ?! s’indigna Morgan - Tout s’achète avec l’argent, tu l’apprendras en grandissant. - Espèce de… » Encore une fois, Roméo dû intervenir pour les arrêter… Parfois, il se demandait si mettre ces deux là sous une même bannière était une bonne idée… Morgan possède bien des dons en alchimie et en soin tout en ayant une bonne éloquence tandis que Nicolas, lui, avait une force brute et magique impressionnante et un intellect bien plus grand que ce que la plupart des gens suspecte. Mais se serait mentir de dire que les deux sont sans défauts… L’un à cause de ses tendances bipolaires, rancunières et de son tempérament explosif et l’autre à cause de son air provocateur, mégalomane et de son avarice. Dans un sens, ils sont complètement opposés et c’est sans doute ce qui contribue à la discorde entre eux. Un jour, il espère pouvoir trouver d’autres coéquipiers pour contrebalancer tout cela… Pour l’instant, il est comme un pont entre les deux. Une base sans laquelle tout s’effondrerait. Mais il n’avait pas vraiment le temps de porter plus loin sa réflexion quand il entendit une femme accourir à leurs côtés : « Je vous en prie ! Aidez-moi ! - Qu’y-a-t-il ma dame ? C’était une femme d’âge moyen d’après ses observations. Elle avait un visage de forme ronge assez ridé par les années et le labeur et des yeux fatigués. Elle portait un long châle qu’elle semblait avoir drapé autour d’elle comme une protection et une longue robe rouge fraise. Elle semblait d’autant plus exténuée après ce qui semble avoir été une course pour les atteindre. - Si vous voulez, des gardes se trouvent à côté, je suis certain qu’ils seront ravis de vous aider ! Le ton de Nicolas avait tout l’air de sarcastique. Il semblait toujours mal prendre la perte de la récompense. Mais, Morgan n’allait pas laisser passer ça. - Bien sûr ! Que pouvons-nous faire pour vous ? Elle sourit, visiblement soulagée même si ce sourire ne semblait pas présager une bonne nouvelle… - Oui ! Mon fils ! Il a été touché par un mal que je ne pourrais comprendre ! Il s’est effondré comme ces combattants après la visite d’un homme étrange en tunique brune et à l’écharpe blanche… De grâce, aidez-moi ! » Tout semblait se lier et prendre forme et pourtant, seul Nicolas semblait se réjouir de cet état de fait se disant que, peut-être, sa récompense n’était peut-être pas perdue.