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Aveugle Imaginons que la vie n’est en faite qu’un rêve. Imaginons aussi que rien n’est réel. Imaginons que les mauvaises choses sont des cauchemars. Que voyons-nous ? C’est flou. Imaginons maintenant que le terme voir n’existe pas. Tout comme admirer, lire, regarder, fixer. Disons nous que rien de tout ça n’est possible. Bien. Maintenant, imaginons que ce texte a été écris sans avoir été vu, parce que le terme voir n’existe plus et que plus rien n’existe. Mais alors, pourquoi ce texte lui, existe-t-il ? Vous, lecteurs, vous vous intéressez et donnez donc un sens à mes paroles. Admettons maintenant que tout ce que j’ai dis au-dessus est totalement faux. Mais admettons aussi que c’est ce que ressent Ayden, une jeune fille née sans cette certitude que le monde est réel. Dès le jour où des milliards d’enfants ont vu pour la première fois notre monde si beau comme si horrible, joyeux comme triste, dangereux comme rassurant. Elle ne le verra sans doute jamais. C’était sans compter cette nuit-là. Réveil 1 : J’ouvrais les yeux. C’était étrange, le vide habituel était coloré, façonné. Je me levais. Ne dormais-je pas ? Je ne le savais plus. J’étais dans une pièce. Il y avait l’endroit où je dormais, du moins il me semble. Une sorte de couverture douce et un oreiller moelleux étaient posés sur un matelas. Je le savais parce que lorsque je touchais des choses, mes parents me disaient ce que c’était. Mais là, j’utilisais mes yeux. Non plus mes mains. C’était nouveau pour moi. J’approchais de ce qui me semblait être une porte. Je touchais ce qui permettait de l’ouvrir, du moins, à mon avis. C’était froid et nous pouvions le descendre en appuyant dessus. Une poignée. J’ouvrai la porte, puis sorti. De longs pans de murs laissaient l’espace de ce qui me semblait être un couloir. J’étais effrayée, c’était si nouveau pour moi. Je marchais tranquillement en m’émerveillant devants divers choses dont je ne connaissais pas le nom. Le couloir déboucha sur ce qui me sembla être un escalier, avec les marches contre lesquelles je butais. Je montais sans difficulté et débouchais dans un grand espace rempli de choses étranges. Certaines faisaient ma taille et bougeaient, d’autre ressemblaient à des meubles et restaient là, sans bouger. Alors que je marchais dans ce grand endroit, je me cognais contre ce qui devait être le dos d’une personne. Elle se retourna. Elle me demanda alors : « hey tu ne sais pas où tu mets les pieds ? – excuse-moi, lui dis-je en levant les yeux vers ce qui devait être son visage. Mais, c’est la première fois que je j’utilise mes yeux. – ha, tu es Ayden ? me demanda l’inconnu. – oui, c’est mon prénom, et toi, qui es-tu ? Lui demandais-je. – je suis le fils du capitaine de cette prison, Emi, répondis le prénommé Emi. – je comprends. Mais, qu’est ce qu’une prison ? Demandais-je au garçon. – un endroit où l’on met des gens qui ont fait quelque chose de mal. T’y connais vraiment rien, ça saute aux yeux que tu es une aveugle, répondit-il avec un haussement d’épaule. – ce n’est pas vraiment gentil ça… et je veux savoir plus de choses ! Lui dis-je en fronçant les sourcils. – tu n’y arriveras pas, il faudrait que quelqu’un t’offre sa connaissance contre la tienne et personne ne le voudrais haha ! » Il se retourna et commença à partir. Je lui saisis ce qui devait être son poignet et le tirai de toute mes forces vers moi. Je me pris le haut de son corps en pleine tête. Je tombais. Il me releva en me tendant sa main et en poussant un soupir. Il dit : « quoi ? – aide-moi, s’il te plait. – je ne le veux pas, on ne se connait même pas. – je t’en supplie. – bon ok ! Tu me le redevras. On va chercher la vielle Mica. – ho merci beaucoup ! Tout ce que tu veux ! » Il me prit la main et m’entraîna dans sa marche rapide. On traversa le bateau pour arriver à une petite porte d’un matériau étrange. Emi frappa, puis on entendit des pas venir vers nous. Quelqu’un ouvrit la porte. La personne me dévisagea, du moins c’est ce que me dis Emi. Elle nous invita à rentrer et à nous asseoir sur ce qui devait être des fauteuils. La personne dit alors : « que fait Ayden chez moi ? – elle veut votre savoir, Mica. Lui répondis Emi. – et pourquoi ? Ce n’est pas bien d’être ignorant ? lui demanda-t-elle. – vous, vous ne voulez pas prendre l’ignorance de la fille ? L’ignorance contre le savoir. C’est bien non ? Lui répondis Emi. – hum. » La vielle se frotta le menton en levant les yeux vers ce qui était devait être un plafond. Elle me mit son regard sur moi un moment. Puis elle se jeta sur moi. J’hurlais. Ses mains crochues étaient accrochées à ma tête. Je sentais pleins de choses rentrer à l’intérieur de moi. Elle se détacha de mes tempes. Je m’évanouissais. Réveil 2 : Je toussais en me réveillant. J’étais dans ma chambre. Une cabine dans un bateau-prison. Du hublot, je voyais la mer. Je me levais et m’observais dans le miroir. J’avais une impression nouvelle devant mon propre reflet. Je décidai de me changer et ouvris l’armoire. Je regardai de longues minutes mes tenues, essentiellement des robes. J’en pris une, un peu au hasard, et l’enfilais rapidement avant de monter jusqu’au hall. Emi était là. En sentant ma présence dans son dos, il se retourna et me demanda : « alors ? bien dormi ? – très bien, quoi qu’il manquait peut-être ta présence. » Il gloussa et rougit légèrement. Je pouffai de rire en le voyant si gêner. Je lui dis : « je rigolais, ne t’en fais pas. Bon, si tu n’y vois rien de gênant, j’aimerai aller sur le ponton, tu viens ? » Je le pris par le poignet sans lui laisser le temps de répondre. On monta tous les deux pour aller voir la mer. Là-haut, un groupe de cinq hommes avaient l’air de s’ennuyer. Lorsqu’ils me virent, ils sifflèrent et l’un d’entre eux vint vers moi. Arrivé à mon niveau, je le regardai de haut en bas avant de lui demander : « je peux t’aider ? – bien sur ma belle, et si on s’éloignait tous les deux ? Histoire d’être plus en intime ? – bravo mon grand, tu es assez con pour y croire ! » Il me lança un regard mauvais. Emi serra ma main dans la sienne jusqu’à m’en faire mal aux doigts. Il se tourna alors vers moi : « il fait parti des gardes de mon père, ne le cherche pas ! » l’homme s’approcha alors de moi et me posa une main sur mes fesses. Je le regardai en souriant. Il me fit un clin d’œil avant de voir le pied arriver jusqu’à son genoux. Il hurla de douleur. Je lui en remis un autre mais dans le nez. Il tomba à terre, K.O. Emi me lança un regard noir. Il me cria alors : « Bah bravo ! » les autres hommes vinrent sonner une alarme. Je partie en courant, suivie de mon ami. Mais arrivés en bas, nous étions déjà encerclés. Je ne pus pas faire grands choses, on m’attrapait déjà les poignets. Je me débattis tant que je pus mais un grand coup sur ma tête ramena tout au noir le plus total. On m’avait assommée. Réveil 3 : J’ouvrais les yeux. J’étais dans ma cabine. Mais lorsque j’essayai d’ouvrir la porte, rien ne se passa, on m’avait enfermée. J’attendis de longues heures, assise sur mon lit à regarder les étoiles par le hublot. Quelqu’un vint frapper à ma porte : « je peux rentrer Ayden ?» c’était Emi. Je lui dis que oui. Il ouvrit la porte et la referma derrière lui dès qu’il fut rentré. Je soupirai. Il vint alors vers moi et me prit dans ses bras. Je le regardai étonnée. J’essayai : « Em… - ne dis rien, profite un peu. » je fis ce qu’il me dit. Je me serrai plus fort contre lui en passant mes bras autour de son cou. Il finit alors par me lâcher, après dix bonnes minutes à me garder seulement pour lui. Il me regarda, posa ses lèvres sur mon front et me dis : « viens, on sort de là. » je hochai la tête et le suivis en dehors de ma cabine. On parcouru le long couloir jusqu’à une petite porte que l’on passa. Un flash lumineux m’éblouit alors. Je tombai alors sur Emi, qui lui était tombé sur le bitume. J’étais allongée sur lui. Il passa sa main dans mes cheveux et me dit alors : « on est enfin sortis de là ! Je vais pouvoir te ramener chez toi. Tu es contente ? » Je le regardai avec stupéfaction. Je n’avais pas envie de le quitter. Je me serrai contre lui en signe de protestation. Il soupira, me lâcha et m’aida à me relever. Je lui dis alors : « je ne veux pas que tu me laisses, ne me ramène pas. – Ayden… je ne peux pas te prendre avec moi. – mais je le veux ! – moi aussi mais je ne peux pas ! » Je le regardai. Il me prit la main sans rien dire et m’entraina sur la route déserte. J’essayai de résister quelques instants mais il me porta. On arriva devant une petite maison au bout de quelques heures de marche. Il s’arrêta devant la porte et me déposa sur le sol. Il me dit alors : « bon, c’est ici que l’on se sépare. – je ne veux pas. – Ayden ne fait pas l’enfant… » Je le serrais contre moi. Il soupira et caressa mes cheveux : « aller… » Je le regardai : «Emi, je crois que je t’aime. » Il prit un air surprit et rougis. Il se mordit alors la lèvre et me dis : « j’aime déjà quelqu’un. » je le lâchai. Il partit, en me laissant seule devant la maison. Je soupirai et ouvris la porte sans même frapper. J’arrivai dans le salon. Un homme égorgeait ma mère. J’hurlai. Mon père était déjà mort. L’homme avait de grandes oreilles et un museau de rat. Je partis en courant. Il me suivi en ricanant. Lorsque j’ouvris la porte d’entrée, un flash lumineux m’éblouit. Je tombai sur le sol d’une ruelle, dans une grande ville aux maisons très colorées. L’homme arrivait derrière moi. Je repris ma course en pleurant. Je montais les escaliers de secours d’un bâtiment rouge, suivie de l’homme. J’ouvris la porte et trébuchai dans une pièce empestant la cigarette. Deux personnes s’affairaient sur le lit. Je réprimai une envie de crier et me faufilai dans la chambre rapidement avant de passer par la porte pour rejoindre le couloir. Alors que je courais toujours poursuivie par l’homme, voyant que je l’avais un peu distancé, je me jetai dans les toilettes pour hommes et refermai la porte. J’entendis des bruits de pas passer tout près de moi, puis plus rien. Je me retournai alors de la porte et pris un petit couloir menant à des escaliers à la moquette rouge. Je me cognai alors contre le torse de quelqu’un. Je levai mes yeux mouillés pour regarder l’homme. C’était Emi. Il me prit dans ses bras en me remarquant. Je pleurais. Quelqu’un nous bouscula et nous cria de dégager le passage. Emi m’entraina alors à l’étage et ouvrit une porte en chêne noir. On rentra. Il me reprit dans ses bras. Je recommençai à pleurer. Il caressa mes cheveux pour me calmer. Il me dit alors : « qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi tu es là ? – un homme a tué mes parents devant moi ! Il voulait me tuer ! Il me cherchait Emi ! – chut calme-toi Ayden. – il est ici Emi ! Ici ! – je te protègerai. – Emi… - ne dis rien. » Il me serra plus fort contre lui. Il posa ses lèvres sur mon front en respirant calmement. Je tremblais. Il me dit alors : « tu t’es cachée dans les toilettes des hommes pour lui échapper… tu es folle… » Il me sourit avec affection. Nos visages n’étaient qu’à quelques centimètres. Il effleura mes lèvres avec son doigt. Je fermai les yeux. Il se pencha au-dessus de moi. Je sentais son souffle chaud sur mon visage. Je repensai alors à ce qu’il m’avait dit : « j’aime déjà quelqu’un. » je me mordis la lèvre et le repoussai. Il soupira et me fit reculer jusqu’au mur. Là il me bloqua et me dit : « je suis désolé pour t'aleur, j’avais besoin d’une excuse. – donc tu n’aimes personne ? – si, toi. » Il m’embrassa. Je ne le repoussai pas. Je le laissai faire. Alors qu’il commençait à enlever mon haut, je sentis quelque chose de liquide glisser sur ma peau. Je regardai Emi. Il était mort. J’hurlais et commençai à pleurer. L’homme ressemblant à un rat arriva. Il pointa son arme vers moi et me dit : « tu es trop intelligente pour ce bas-monde. – je n’ai jamais voulu de ce savoir ! – si, tu l’as demandé à la vielle femme. – je veux retrouver mon ignorance ! Je vous en supplie ! » L’homme sourit. Mes yeux étaient lourds. Je m’endormis. Réveil 4 : J’ouvris les yeux en hurlant. Quelqu’un toucha mon visage et me dit de me calmer. C’était ma mère. Je lui dis alors : « maman j’ai fait un cauchemar ! – ne t’en fais pas. D’ailleurs, Emi, ton ami du centre vient te voir aujourd’hui. – maman, je crois que je suis amoureuse de lui. – alors on va te faire belle, d’accord ? – oui. » Elle m’aida à sortir de mon lit, me déshabilla et prit des habits qu’elle me mit. Elle me dit alors : « tu es magnifique. – merci maman. » Quelqu’un sonna. Ma mère partit ouvrir et la personne rentra dans ma chambre. Il posa sa main sur ma mienne et me dit : « salut Ayden, c’est Emi. – salut Emi. J’avais quelque chose à te dire. – oui ? – je t’aime. » Il m’embrassa. Je pris ça pour un oui, moi aussi. J’étais enfin heureuse. J’avais pu recommencer là où je m’étais arrêtée.