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Je vais vous raconter l'histoire de Jean-Luc, un petit tabouret de soixante-cinq ans qui avait une passion inédite : les portes. Il aimait toutes sortes de portes : les portes en bois, les portes en pierre, celles avec poignée, celles qui coulissent, les portes automatiques... toutes. Tous les jours, il satisfaisait son esprit en se rendant dans différents bâtiments de la ville de Grenoble, chacun ayant une porte différente. Il jouissait beaucoup de ça. Un jour, le vingt-sept septembre mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit à sept heures du matin, Il se réveilla comme tous les matins. Il but son café à l'urine de Pikachu puis il se mit en quête de nouveaux types de portes pour assouvir sa soif de culture. Etant un féru de sa ville, il décida de visiter une autre. Il se rendit alors à la gare de Grenoble, et il prit un TGV pour Paris Bercy. Il arriva à la gare de Paris trois heures et vingt-six minutes après le départ. Tout d'abord, il est inutile de préciser qu'il fut plus qu'abasourdi par la manière dont étaient conçues les portes du train, si bien qu'il passa tout le voyage dans le hall à regarder la porte s'ouvrir et se fermer incessamment. Arrivé à Paris, il se rendit dans une boulangerie et commanda une chocolatine Un pain au chocolat, et c'est à ce moment qu'il découvrit le sens de sa vie. Il fut pris par une forte envie de collectionner les mégots de cigarettes qu'il trouvait sur les trottoirs. Il abandonna totalement sa fascination pour les portes, afin de consacrer l'entièreté de son temps à l'accumulation de restes de cigarettes. Mais il se dit qu'il était préférable d'exercer son loisir dans une autre ville. C'est ainsi qu'il prit la décision de se rendre en Bretagne. Il se rendit à la gare de Paris Montparnasse et pris un TGV, mais s'y étant pris trop tard, il dut attendre trois semaines. Je ne vous détaille pas le non-envoûtement que les portes du train exercèrent sur lui. Le voyage dura trois heures et vingt-huit minutes. Il arriva à la gare de Guingamp comme prévit le panneau d'affichage qu'il avait fixé durant tout le voyage. Une fois le pied sur terre, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit la non-présence de mégots au sol! Sa déception fut terrible. Si terrible qu'il s'affaissa et plongea dans un sommeil sur la route. Les passants l'agonirent de crachats et d'insultes car il n'était pas très joli. Il mourut noyé par la pluie et car il ne se réveillait pas, son choc ayant été trop brutal. Jean-Luc disparut, sa mort ne fut pas officialisée, et son cadavre fut dévoré par les fourmis. Morale de l'histoire : on dit pain au chocolat, pas chocolatine.