[All in one] Chapter Two : Bloody H

On entendit à peine la porte s'ouvrir et les trois hommes sortir, leur réunion étant finie et chacun devait retourner de son côté; pour le Chinois, faire parvenir les instructions primait. Tout doit être fini avant le début de la journée, ou toute l'opération sera compromise. Prenant son GSM, il appela sur une ligne cryptée son agent resté près du "Savoy"; pourtant, il y avait un problème, un seul et unique : le temps qu'il atteigne le 8 Downing Street, résidence de John Stirling, le scientifique, l'aube sera déjà là. Il fallait à tout prix éviter des regards suspects, et c'est pour cela qu'il ordonna à son agent de contacter Burning, un tueur à gage dont la "zone de travail" se situait vers Downing Street.

Le plan se déroula comme prévu. Burning arriva à l'adresse qu'on lui avait communiquée. Il était 5h37, les premiers rayons du Soleil illumineraient bientôt la ville qui commençait à se réveiller lentement, très lentement... Stirling était un homme prudent, il sécurisait toujours ses arrières et, sachant qu'il avait pris part à un projet dangereux, savait qu'il pourrait être en danger, sitôt qu'il avait fini de développer le détonateur. Rien ne pouvait lui faire penser qu'il était actuellement en danger de mort mais peut-être avait-il pris une quelconque précaution ?

Le scientifique travaillait d'habitude au rez-de-chaussée. Cependant il couchait au premier étage, mais bien qu'il ne fût qu'un peu plus de 5h30, il était déjà réveillé et avait commencé à prendre son petit déjeuner, dos à la fenêtre, attendant les rayons lumineux, ces rayons qui illuminent les ténèbres et assurent au moins encore une journée de vie. Burning s'approcha furtivement de la fenêtre dans l'espoir de la découper, de rentrer dans l'appartement et de passer Stirling à trépas le plus silencieusement possible. Mais il n'avait pas prévu qu'il serait déjà réveillé; un changement de plan s'imposa alors.

Tuer un homme est simple, faire en sorte que cela ressemble à un accident est une autre chose. L'art de l'assassinat réside en la discrétion et en l'absence de preuves laissées; Burning était un expert en la matière et ce n'était pour rien qu'il avait été engagé : jamais il ne laissait d'indices, quelle qu'était l'arme utilisée. Tout en étudiant la configuration du bâtiment, il pensa à la manière d'assassiner Stirling. Il avait de tout dans sa veste, un taser, une arme de poing, des couteaux, des poisons (tels du cyanure ou du chlorure de potassium) et même un FN90, plus communément appelé P90. De toutes ces options, il fallait en trouver une simple et discrète.

Si tuer le scientifique en étant dans la même pièce que lui était complexe, vu que l'on ne pouvait prédire les réflexes de ce dernier, le tuer à distance et ramasser les preuves par la suite était préférable. Burning remarqua que le cadre de la fenêtre à laquelle Stirling tournait le dos était fait de bois, un matériau facilement perforant, même avec des munitions balistiques. Concoctant son plan avec une rapidité il prit rapidement position pour enfin mettre fin aux jours de ce scientifique devenu trop gênant. Sortant le FN90 muni d'un silencieux, il plaça un chargeur contenant une seule et unique SB193, balle perforante subsonique réservée aux opérations commandos et groupes d'intervention. Prenant place pour tirer à travers le mince cadre de bois et visant à travers une lunette au tritium type MC-10-80, il bloqua sa respiration et s'apprêta à appuyer sur la détente.

Etre un criminel demande la discrétion, l'absence de scrupules et un professionnalisme. Burning était un maître dans tous les domaines; en quinze ans, jamais il n'a été empêché de commettre un crime. Il ne laissait aucune trace, ne s'entretenait qu'avec ses mandataires par liaison cryptée. Mais ce soir une faute a été commise: l'agent posté près du "Savoy" avait commis l'outrecuidance d'appeler sur une ligne peu cryptée, permettant l'interception de la conversation.

Par jour, des milliards de mails, téléphones, fax, SMS, bref des communications sont interceptées par les paraboles des centres d'écoute du réseau Echelon. NSA pour les USA, CSTC pour le Canada, ou encore GCHQ pour la Grande-Bretagne, tous les messages sont préalablement analysés et triés électroniquement pour que les plus pertinents soient analysés par un être humain. Au GCHQ (Governement Communications Headquarters), tout le service de nuit était en alerte. Après interception et décryptage du message par les paraboles de Menwith Hill (Yorkshire) à 5h34, on comprit que la vie d'un citoyen britannique était menacée. Habitant la même rue que le Premier Ministre, il y avait toujours un agent du MI5 présent sur les lieux. Il fallait empêcher ce meurtre et seul Peter Flynn était disponible dans la zone. Il reçut l'ordre de se rendre le plus vite possible au 8 Downing Street: la vie d'un homme était en jeu, il était 5h35.

Burning effectua une ultime correction de tir et posa son doigt sur la détente. En enfonçant détente, il pressentit une présence qui approchait à grands pas et le réflexe de son organisme fut d'esquisser un mini-spasme. La balle dévia d'un millimètre, traversant le cadre en bois, se ficha dans l'omoplate droite de Stirling qui s'effondra sous le choc et ressortit par le poumon, le sang projeté mouchetant la pièce. Réunissant ses dernières forces, il tenta d'écrire avec son propre sang sur la table.

5h38, le Soleil se levait. Les premiers rayons lumineux atteignirent l'inscription qui se distingua plus clairement. Burning avait déjà décampé avant l'arrivée de Peter Flynn qui découvrit le message laissé par le scientifique mais qui avait, dans un dernier spasme, apparemment tracé le premier caractère :