Blog de Spiner: Émotion

Je marchai, aux aguets, prêt à réagir au moindre danger au milieu des bâtiments effondrés, des rues dévastées et de la population devenue folle. Dehors, des gens ayant encore une lueur de conscience tentaient de se protéger face à cet état second qui s’était emparé de l’esprit des pauvres et innocents habitants de ces lieux.

Certains se battaient vaillamment, écoutant la petite voix qui leur disait que tout serait bientôt fini, esquivaient, ripostaient et survivaient. D’autres, moins chanceux et moins préparés à l’inattendu finissaient par périr sous le nombre. C’était chacun pour soi. Parfois, des câbles un peu trop minces lâchaient, entraînant dans leur chute un immeuble grisonnant retenu par ce minuscule fil de nylon, enterrant sous les gravats des personnes encore saines.

Et au milieu de ce chaos total, il y avait moi. Je déambulai dans les ruelles infestées de ces hommes et femmes pas vraiment morts mais pas vivants non plus qui attaquaient sans raisons apparentes d’autres humains terrorisés par la situation.

Heureusement, pour me défendre, je pouvais compter sur la matraque que j’avais récupéré sur le corps d’un policier mort. Ce n’était, certes, pas l’arme rêvée, mais je jugeai que je m’en sortais plutôt bien ; le fait que je sois encore en vie le prouvait.

Soudain, une main en partie déchiquetée se posa sur mon épaule. J’eus un moment de panique et de terreur, avant de reprendre mon sang-froid et d’agiter ma matraque dans le vide tout en me retournant. Je pus alors constater à mon plus grand regret que cela n’avait servi à rien.

En effet, derrière moi se trouvaient une horde incalculable de morts-vivants. Celui que j’avais frappé se relevait déjà, nullement affaibli par le coup porté. Là, mon cerveau fonctionna à cent à l’heure, mon esprit se chargeant de lutter contre la peur qui m’envahissait petit à petit. J’en finis par conclure que la meilleure solution était la fuite.

Je lâchai mon arme, qui ne ferait que me ralentir et me mis à courir aussi vite que mes maigres jambes me le permettaient. En chemin, je pus observer d’autres combattants se faire ensevelir sous la masse avant de périr, déchiquetés de manière horriblement barbare par ces créatures sanguinaires.

Cela ne fit qu’augmenter la terreur qui s’engouffrait en moi, et renforça ma détermination à survivre afin d’éviter ce cruel destin. Je m’engageai dans ce qui devait être un vieil immeuble abandonné qui ne m’avait pas l’air trop en ruine et ne devrait pas chuter tout de suite.

En entrant, je croisai deux morts-vivants qui n’avaient pas des intentions pacifiques à mon égard. Hélas, il m’était désormais impossible de rebrousser chemin ; mes poursuivants tentant déjà de passer le seuil d’entrée, si on pouvait encore considérer cette ouverture béante ainsi.

Prenant mon courage à deux mains, je bondis sur l’un des deux zombies et lui assénai un coup de pied en plein dans son visage boursouflé qui l’envoya valdinguer contre un mur. Je devais me dépêcher de me débarrasser de son compagnon avant qu’il ne se relève, sinon mon geste n’aurait servi à rien.

Hélas, je trébuchai sur un objet traînant au sol, m’étalant lamentablement devant le dévoreur d’humains. Ça y est, c’était la fin. Il se rapprochait lentement mais inexorablement de moi. J’aurai eu le temps de me relever, si seulement je n’étais pas tétanisé par la peur.

Soudain, ma main tomba sur quelque chose de froid et métallique. Je tournai la tête pour voir la cause de ma chute mortelle et adressai une prière muette au dieu de ce monde. Je saisis la barre de fer et, juste au moment où la créature allait se jeter sur moi, je la frappai de toutes mes forces, fermant les yeux pour ne pas voir l’atroce spectacle.

Quand je les rouvris, je retins un hurlement car son corps était toujours penché sur moi. Je mis du temps à remarquer que ce corps s’arrêtait au niveau du cou. Reprenant ma respiration, je me relevai et fonçai en direction de l’escalier le plus proche, les autres morts-vivants étant déjà rentrés en masse dans le bâtiment désaffecté.

Malgré ce sursaut de courage et de détermination, je me savais plus ou moins condamné, et ce, dès que cette vague aussi puissante qu’inattendue de morts-vivants était arrivée. En m’engouffrant tel un puissant courant d’air dans les escalier, j’agitai ma barre métallique, décapitant quelques monstres.

L’immeuble n’était finalement pas bien haut ; je dus arriver à son sommet au bout de deux ou trois escaliers maximum. Hélas, ils étaient partout, même dans des endroits tels que celui-ci. Et cette fois, ils avaient littéralement infesté le toit de ce bâtiment. Je ne pouvais rien faire, c’était vraiment la fin.

Néanmoins, je tentai de mourir avec honneur, malgré l’angoisse qui montait à chaque pas. Je m’élançai dans un cri de guerre désespéré, désirant "tuer" un nombre conséquent de ces infâmes créatures sorties tout droit des enfers.

Et ce fut réussi. Des nombreux zombies voltigèrent, atteints à la tête, pour ne plus se relever. Hélas, mes prédictions se réalisèrent et je me vis submergé par le nombre. Il en pleuvait de tous les côtés ! L’adrénaline, mais aussi la terreur étaient à leur seuil maximum. Je n’en pouvais plus. J’éteignis ma console et montai me coucher.